Rencontre avec l’universitaire et écrivain Aziz Mouats autour de son ouvrage "Les galets de Sidi Ahmed" - Jeudi 16 novembre 2023 à 19h

Dans le cadre de la célébration du 1er novembre 1954

« Ce livre, je le porte en moi depuis l’insurrection du 20 Août 1955. J’avais 5 ans et demi, et je voyais défiler à Skikda quelque 4 000 insurgés qui avaient passé la nuit autour de notre mausolée de Sidi Ahmed, à 4 km de la ville. Le spectacle était hallucinant, surtout au moment de l’appel au djihad, qui sera suivi par les youyous ininterrompus de mes tantes et de mes voisines. Et voilà que trois jours plus tard ce fut la fin de la récréation. À 4h du matin, des parachutistes encerclent notre mechta ; les hommes, dont mes oncles encore adolescents, sont rassemblés sous la menace d’une mitrailleuse. 86 femmes et enfants sont regroupés sous un immense olivier, et les soldats se livrent à un carnage sur nos basse-cours, avant de procéder à la démolition de nos maisons. Ces images, puis la disparition de nos hommes, ainsi que la guerre qui s’est installée avec ses exactions et ses morts ont fait de moi un témoin privilégié », dira Aziz Mouats, l’auteur de Les galet de Sidi Ahmed, dans un entretien à la presse.

Rescapé cette répression, ce féru de l’histoire de son pays, amateur de théâtre, photographe, journaliste, relate cet épisode douloureux de la Révolution armée nationale en restituant avec minutie la genèse de cette insurrection suivie d’une répression meurtrière sans commune mesure. Autofiction, roman, récit historique, une autobiographie, Les galets de Sidi Ahmed regroupe toutes ces genres narratifs. Des faits réels sous une forme narrative romancée, avec des détails autobiographiques qui interagissent subtilement avec une vérité historique autant d’éléments qui font de ce livre, un document de référence.

Natif de Skikda, à cinq ans, Aziz MOUATS est témoin de l’insurrection du 20 août 1955 et de la destruction de la mechta de sa famille, sur les hauteurs de Béni Mélek. Lors des représailles 23 hommes de sa famille sont enlevés par l’armée coloniale. Berger chez son grand-père jusqu’à l’âge de 9 ans, il parvient à suivre une studieuse scolarité.  Diplômé en agriculture appliquée de l’ITA de Mostaganem (1974), il poursuit des études à l’Université de Rennes où il décroche un DEA en physiologie animale (1985) et un Doctorat (1989). Professeur à l’université de Mostaganem, il a également exercé les fonctions de directeur de l’ITA (1995/1998). Engagé dans la recherche agronomique et la connaissance de l’histoire de l’Algérie, avec un ancrage appuyé sur les massacres coloniaux, plus particulièrement ceux du Dahra, il rédige plusieurs textes sur cette période qu’il publie dans des journaux et des périodiques. Après deux livres sur la miniature et le théâtre amateur, il est captivé par une aventure humaine qui aura marqué l’histoire de l’Algérie coloniale et postcoloniale.