"Mort de l’image,résistance de l’imaginaire ?", thème d'un colloque- Samedi 3 juin de 14h à 17h00 (2)

L’avènement de la démocratie libérale en tant que forme de régime politique fondée sur les principes des Lumières et trouvant son essor dans la Révolution industrielle du XVIIIe siècle en Europe, a profondément et durablement modifié le cours du monde et de son histoire récente. Les fulgurantes avancées scientifiques semblaient marquer définitivement la victoire de l’Homme moderne sur la Nature; les valeurs morales d’un universalisme humaniste, représenter le lègue heureux de la modernité. Pour autant, la crise du politique qui traverse les démocraties occidentales, mettent en évidence une défiance générale des sociétaires envers leur gouvernements, mais aussi envers des structures économiques « aliénantes » qui épuisent les ressources matérielles de la planète, ainsi qu’immatérielles des individus.

L’émergence d’internet depuis les années 90 et de l’ère cybernétique ont renforcé l’accélération des rapports sociaux, et renversé le rapport de force dansles schémas communicationnels dominés par les intérêts économiques. L’imaginaire collectif, véritable matrice de sens et d’être, subit, de ce fait, la pression de cadences déshumanisantes. L’image a pris une place prépondérante dès la naissance de l’imprimerie et de la presse écrite (Une image vaut mille discours !). Aujourd’hui, il s’en échange plus de trois milliards par jour dans le monde et la tendance est vers une hausse exponentielle. Cette profusion mène à une saturation rétinienne et participe à la confusion des esprits en l’absence de tout recul critique, que l’ère de l’immédiateté post-moderne rend difficile. Comment dans ces conditions (re) trouver une distance saine pour que l’imaginaire collectif reste vivant et fécond en sens ?

Le premier axe de discussion s’attachera à explorer les différentes dimensions de la temporalité aliénante entre l’immédiateté communicationnelle et le récit historique à travers desapproches sociologiques, journalistiques et historiques avec des exemples choisis. Ainsi, une prise de conscience du rôle de la pression médiatique des images et un nécessaire retour à l’histoire, deviennent incontournables pour une compréhension des enjeux actuels et à venir.

Le deuxième abordera les influences de l’image sur l’imaginaire collectif à travers la question coloniale. En effet, celle-ci offre une grille d’analyse qui met en évidence les stratégies d’incursions du discours colonial dans l’imaginaire collectif des peuples conquis, dans son entreprise d’accaparement des ressources naturelles. La déstructuration systématique du socle culturel des sociétés autochtones « hors Histoire », en a été un pendant grave et durable. L’imaginaire collectif, se situant dans une temporalité alternative, celle de la culture (poésie, théâtre,littératures…), offre de puissants outils de résistance. À l’heure où parler de trans-humanisme, de réalité virtuelle ou augmentée, n’est plus du domaine de la science-fiction; le besoin humain de sens, de culture et de lien social, demeure la condition sine qua non de son existence.

Adel Riame et Abdelkader Al Andalussy Oukrid