"Le témoignage dans le travail d'Histoire", thème d’une conférence de Nils Andersson - Vendredi 5 novembre 2021 à 19h

Dans le cadre de la célébration du 67e anniversaire de la révolution du 1er novembre 1954

Avec la participation de :Sadek Sellam, historien

Alain Ruscio, historien

Farah, jeune fondatrice du site Récits d’Algérie. Elle présentera le travail mémoriel entrepris depuis la création de cette plateforme « collaborative et intergénérationnelle »  

Pour mettre fin à 124 ans de colonisation, ce à quoi personne le 1er novembre 1954 ne donnait une chance de réussite, le peuple algérien a mené la plus grande lutte de libération nationale sur le continent africain et a été l’acteur d’une des plus importantes révolutions de l’Histoire.

Il est peu de guerres dans le cours de laquelle furent publiés autant de témoignages de victimes dénonçant la torture, la répression des populations, la violence organisée. Témoignages incontestables qui permirent de lézarder le silence imposé par le discours colonial, jusqu'à influencer le cours de la guerre. Ces témoignages sont la chair de la lutte de libération, une source précieuse pour les historiens de la guerre d'Algérie. Rappeler ces actes de résistance est la raison de se réunir.

Mais il est une facette de cette guerre, l'insoumission, que symbolise le Manifeste des 121, pour laquelle les sources historiennes sont rares. L'insoumission, ce fut l'aide concrète, pratique, de Français engagés dans les réseaux de soutien au FLN, ce fut des jeunes qui, a vingt ans, franchirent le Rubicon de la désertion pour ne pas faire la guerre au peuple algérien, ce furent des avocats, des journalistes, des éditeurs, des universitaires, qui s'engagèrent contre l'ordre colonial. En parler, c'est une deuxième raison d'être réuni.

Une troisième raison est la transmission de la mémoire. Les jeunes générations ont besoin de comprendre et veulent connaître ce que fut la lutte du peuple algérien, en Algérie et en France, ils veulent savoir ce qu'a été cette solidarité anticoloniale. Pour mener ce travail, il y a une nécessité d'échanges et de dialogues. Les vécus diffèrent, l'Histoire ne s'écrit pas à quatre mains et les voies de la conciliation des déchirures demandent de s'écouter, de comprendre ce qui a divisé hier et ce qui divise aujourd'hui, d'égal à égal. (N. Adersson)

Récits d’Algérie prend la forme d’une plateforme collaborative et intergénérationnelle.

Collaborative : car tout le monde peut nous contacter sur le site (recitsdalgerie.com), le mail, ou encore à travers nos réseaux (on est présents sur twitter, Facebook et très actifs sur Instagram), et nous mettre en contact avec des témoins ou tout simplement proposer des sujets d’articles qui entreraient dans notre ligne éditoriale

Intergénérationnelle : car la transmission d’un témoignage passe par un travail commun avec plusieurs générations (les enfants ou petits-enfants) pour collecter le récit de leur parent / grand-parent. Le travail s’appuie sur le témoignage : traduction / sélection des parties intéressantes / montage / édition / illustration… C’est un gros travail qui fait vraiment intervenir toutes les générations et c’est essentiel pour une bonne transmission du récit.

Objectifs de Récits d’Algérie :

Collecter et transmettre les mémoires de la guerre d’indépendance algérienne : faire sortir ces récits de nos foyers : ce sont des récits qui ne sont pas traités dans les livres d’histoire, on ne les fait pas vivre, ils sont même occultés. « Nous voulons faciliter l’accès à ces témoignages, pour nous les réapproprier. Aussi bien pour les franco-algériens qui ne connaitraient pas très bien ces réalités de la guerre d’indépendance, que par les Français qui ont très souvent un lien avec la guerre (grand-père ou grand-oncle qui a été envoyé en tant qu’appelé en Algérie) mais qui ne connaissent que rarement les réalités vécues par les Algériens. Cette collecte de mémoires est nécessaire aujourd’hui parce qu’il s’agit des dernières années où nous pouvons le faire, la génération de nos anciens (parents/grands parents) se fait de plus en plus vieille, et donc ils emportent leurs mémoires et notre histoire avec eux. C’est comme ça que nous le vivons avec Récits d’Algérie. »