A l’occasion de la commémoration du 80e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 - Projection de "Hors-la-loi", un film de Rachid BOUCHAREB - Mardi 6 mai 2025 à 19h30

Durée : 140 mn

Entrée libre sur inscription : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Pour BOUCHAREB, Hors-la-Loi est la suite naturelle d’Indigènes. Il y raconte le retour des soldats algériens au pays et leur désillusion. En effet, le 8 mai 1945, au moment où la France fêtait la libération de Paris, des milliers d'Algériens parmi lesquels d'anciens combattants à peine démobilisés, étaient massacrés pour avoir osé prétendre au partage de la liberté. Des massacres sans images et sans témoins, en dehors du témoignage du seul journaliste étranger présent, l’Américain Landrum Bolling qui, déjà à l’époque, évoquait le chiffre de 17 000 morts. Chiffre que les historiens et les démographes ont depuis, largement revus à la hausse.

En réalité, Hors-la-Loi ne consacre qu’une dizaine de minutes aux événements de mai 1945. Les deux heures restantes sont entièrement axées sur le combat des Algériens sur la terre du colonisateur.

Le film est présenté en compétition à Cannes en mai 2010, presque 65 ans jour pour jour après les manifestations qui, dans plusieurs villes du pays, ont démontré la volonté des Algériens de ne plus accepter le joug colonial. A travers la polémique politico-médiatique qui a entouré la présentation de Hors-la-Loi, les Français ont découvert l’ampleur des massacres perpétrés par l’armée française, appuyée par des milices qui, hier encore, se réclamaient de Pétain et du nazisme. 

L'historien français Benjamin Stora souligne le rôle de la fiction dans le travail de mémoire qui reste à accomplir de part et d'autre de la Méditerranée : « … C'est la première fois que l'on présente Sétif dans un film de fiction. En Algérie, c'est un fait admis. En France, il semble que certains n'aient toujours pas accepté la décolonisation. Dès qu'il est question de la guerre d'Algérie, il y a des batailles de mémoires. »

Rachid BOUCHAREB a montré dans son film que les émeutes du 8 mai 1945 n’étaient que le prélude d’un embrasement général en Algérie. Charles-Robert Ageron confirmait que cet épisode de la répression coloniale « a servi de référence et de répétition générale à l’insurrection victorieuse de 1954. »

A l’instar de La Bataille d’Alger de Pontecorco, le film de Rachid BOUCHAREB, en ébranlant les mémoires, aura eu l’immense mérite d’avoir asséné des faits déjà avérés et surtout de les avoir portés à la connaissance des publics du monde entier. Par Ahmed BEDJAOUI.