Centre Culturel Algérien

Lecture musicale pour voix et violoncelle de Le Jardin d’Afrique : lieu-dit pour un non-dit, ouvrage coécrit par Aurélie ALLEXANDRE d’ALBRONN et Isabelle JUNCA (Editions Al Manar)

Dans le cadre de cette lecture, la violoncelliste Aurélie ALLEXANDRE d’ALBRONN, fidèle à « l’art de l’improvisation propre à la tradition orientale », restitue l’âme du lieu. André Malraux n’a-t-il pas écrit : la musique seule peut parler de la mort ? La véritable mort aurait été l’oubli : l’oubli du nom, du visage et de la voix. Rachid KORAÏCHI a offert à ces hommes la possibilité de laisser une trace, et un lieu de prière pour leurs proches. 

C’est à l’Automne 2021, dans le bureau des Éditions Al Manar, que les autrices entendent pour la première fois parler d’un cimetière situé dans la petite ville de Zarzis, en Tunisie. Ce Jardin d’Afrique, baptisé « Jardin de Paradis » a été inauguré en juin 2021. Voulu, pensé et dessiné par l’artiste plasticien protéiforme et philanthrope Rachid KORAÏCHI, se singularise par sa beauté et par le geste d’exception de cet homme, offrant une sépulture digne aux disparus en mer Méditerranée — un don qui a profondément interpellé les autrices.

À côté d’un simple terrain, nommé Cimetière des Inconnus, où s’entassaient les corps rejetés par les flots de migrants morts pendant la traversée depuis la Libye, l’artiste a fait bâtir « un palais » pour des anonymes. En témoigner s’est imposé après sept jours passés dans « ce lieu au milieu de nulle part » : lire des inscriptions, respirer les essences d’arbres à la forte symbolique, admirer la beauté des matériaux et, enfin, rencontrer trois migrants vivants. Accueillies par MONGI Slim, responsable du Croissant Rouge local, les autrices ont rapporté de ce séjour un livre composé d’un texte écrit « sur le vif », poésie narrative en cinq volets autour de l’idée de calligraphier un lieu-dit, pour elle le lieu du lien, dont elles ont essayé de définir la trame.